21 octobre 2008

OliCon : les Bonus sont arrivés !

Chers amis,

Le moment est venu (et mieux vaut tard que jamais) de vous reparler un peu de l'OliCon, cette trente-cinquième convention nationale de science-fiction qui s'est tenue, à Nyons, en Drôme Provençale, du 21 au 24 août 2008, et qui a réuni, autour d'invités prestigieux tels que Jean-Pierre Andrevon, Catherine Dufour, Michel Jeury et Sylvie Lainé, plus d'une centaine de participants. lecteurs, auteurs, essayistes, artistes, bibliophiles, exposants, passionnés. Pas moins de quatre artistes ont contribué à transformer la grande salle de la "Maison de Pays" en temple de l'Imaginaire : Didier Cottier, Sylvain Renault, Timothée Rey et Jeam Tag, ce dernier étant aussi l'auteur de l'affiche officielle de la convention.

Un programme théâtral, "Mémoires d'Hommes", a revivifié les liens entre préhistoire et science-fiction. Nous rendions hommage, également, à la mémoire de René Barjavel, enfant de la Drôme, dont la mémoire n'a pas été oubliée par les nouvelles générations d'écrivains, comme l'ont prouvé diverses tables-rondes. Le programme de l'OliCon faisait aussi la part belle aux débats (sur le futur lointain, sur la publication électronique), aux rencontres avec les auteurs présents, acceptant de revenir sur les thèmes, les techniques, et les raisons profondes qui animent leur rapports à l'écriture. Les jeux n'ont pas été oubliés (Barjaquizz, et, bien sûr, le Champion de la SF, animé par Raymons Milési). Il m'est, enfin, impossible de résumer ici l'ambiance dans laquelle l'OliCon s'est déroulée, à la fois frénétique et solidement arrimée à la douceur provençale.

De nombreux prix, littéraires et artistiques, ont également été remis, dont le tout nouveau "Prix de l'Art Décisif", qui a récompensé Tim Rey, pour l'ensemble de ses biotopes extraterrestres et de ses mobiles dédiés aux auteurs invités : La Lune Lainé, La Comète Dufour, la Planète Jeury, l'OVNI Andrevon, et la Nébuleuse Barjavel, sans oublier l'étrange créature centrale, mélange improbable entre une méduse, un parapluie, et une panthère, je n'en dis pas plus :-) Ces mobiles ont été photographiés, puis vendus aux enchères lors de la soirée de gala. Le prix Cyrano a récompensé Michel Jeury pour l'ensemble de son oeuvre, exprimant tout le bonheur du monde de la SFF de le retrouver après une longue absence. Le prix Rosny de la nouvelle a échu à Jean-Claude Dunyach pour "Repli sur soie", et celui du roman à Elise Fontenaille pour "Unica". Le prix Merlin a été décerné à Elodie Tirel pour son roman "Les héritiers du Styrix" et à Viriginia Schilli pour sa nouvelle "Dernier soupir". Quant au prix Infini, c'est David Réa qui l'a emporté pour son "Petit pont massacreur".

Vous trouverez, un peu partout sur la toile, des échos, des éclats, des images, des sons, des émotions, des souvenirs de l'OliCon, qui vous permettront d'en revivre les meilleurs moments. Le forum d'ActuSF, à travers les photos de Sylvie Lainé, de Kathy Steward, et le compte-rendu haut en couleurs de Catherine Dufour ; le blog d'Anouk, "Still Crazy after all these years", avec ses vidéos prises à certains moments-clefs de l'OliCon, dont la remise officielle des archives du futur à Clément Pieyre de la Bibliothèque nationale de France, orchestrée avec brio par Tim Rey (oui, encore lui !) ; les belles photos de Jean-Jacques Régnier, sur son site, qui concernent aussi la réunion du groupe Remparts qui s'est tenue juste une semaine avant la convention ; et, plein d'autres endroits, ici et là, que je vous laisse découvrir (il y aura, dès que j'aurai le temps, une relation très personnelle de l'OliCon, pour moi, sur mon site d'auteur...).

Voilà, et à présent, venons-en au fait : les BONUS !

Nous allons, petit à petit, et avec l'accord des différents auteurs concernés, mettre en ligne sur ce blog des synthèses, des résumés, ou parfois le texte intégral, des conférences qui ont été prononcées durant l'OliCon. Cela prend du temps, car, bien sûr, tout le monde s'est envolé vers de nouveaux défis, de nouveaux enjeux, mais vous pouvez compter sur moi pour "aller à la pêche aux idées", et aux textes qui les contiennent. Nous commencerons donc, ici, par la conférence de Jean-Claude Dunyach, qui portait sur "La publication des auteurs français à l'étranger : trucs et astuces", et qui a permis, à tous ceux qui étaient présents, d'en mesurer tout à la fois la difficulté (il nous a un peu déprimés) et la faisabilité, à force d'insistance, de patience et d'application (il nous a presque galvanisés). En tout cas, en tant qu'auteur, j'ai énormément apprécié cette "visite guidée" sur les chemins truffés d'ornières de la traduction et de la publication sur les marchés étrangers, et depuis, l'idée a fait son chemin... :-) Je remercie très chaleureusement Jean-Claude pour la sincérité et la chaleur avec lesquelles il nous a fait partager son expérience, nous offrant ainsi un port d'attache à partir duquel, peut-être, lancer nos textes-navires...

Merci à lui et à bientôt pour d'autres bonus,

ub

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"Publier une nouvelle à l’étranger ?
C’est possible !"


par Jean-Claude Dunyach
Publier à l’étranger ? Pourquoi ?

En l’état actuel des choses, publier des nouvelles à l’étranger est au mieux une satisfaction (coûteuse) pour l’ego… On peut néanmoins y trouver certains avantages :
•Vis-à-vis du marché français, cela peut encourager un éditeur à « mieux vous vendre » à l’étranger
•Vis-à-vis du marché étranger, vous pouvez parfois vous ouvrir des portes vers la publication de romans
•Pénétrer le marché anglo-saxon permet d’aborder les autres marchés sans problèmes
•Augmenter le nombre de ses lecteurs a parfois des effets inattendus (contacts, invitations)…

I - Quelques remarques préliminaires :


1. Le marché étranger est vaste.
On peut le découper en sous-groupes
suivant plusieurs critères:

• La langue du pays (les anglo-saxons constituent plus de la moitié du marché professionnel) • Le type de publication (professionnel, semi-prozine, fanzine) • Le type de support (revues, anthologies, site webs…) • Le marché est également très changeant, donc il faut suivre l’actualité. Plusieurs sites peuvent vous aider… • Le français est quasiment ignoré de tous les éditeurs non francophones. L’anglais est la langue commerciale de la SF • Préparez-vous à passer des heures sur internet!

2. Un éditeur étranger ne prendra pas la peine de lire un texte qui n’a pas été déjà publié professionnellement
dans son pays
d’origine…

3. Un éditeur étranger a peu de chances de publier un parfait
inconnu – il ne le lira sans doute même pas !

4. Un éditeur étranger se comporte comme un éditeur
français… Il est stressé, envahi de manuscrits, à la bourre et
peu enclin à aider les inconnus.

5. Un éditeur étranger ne paie pas mieux qu’un éditeur français… Quand il paie.
6. Les auteurs français sont peu ou pas connus à l’étranger. On
est des défricheurs, pour l’instant.

II - Le marché…


Le marché professionnel anglo-saxon est hyper-encombré – nombre d’auteurs locaux ont du mal à y pénétrer. L’anglais est obligatoire, le paiement est en général correct. Le marché non professionnel anglo-saxon est vaste mais bordélique. Il est toutefois un peu plus ouvert que sa contrepartie « professionnelle ». Le marché non anglo-saxon est pour l’essentiel constitué de fanzines, semi-prozines ou revues payant très mal. Mais des exceptions existent, en particulier en Europe. Les sites web d’édition sont à surveiller…

III - Le marché : définitions

Pro Paying market :
ceux qui payent plus que 3 cents par mot Semi-Pro Paying market : entre 1 et 3 cents par mot Low Paying Market : de 0,5 à 1 cent par mot Token Paying market : paye un forfait (en général entre $5 et $15) par texte Non-Paying markets : donnent au moins deux exemplaires du magazine – éventuellement une pub associée. Une nouvelle de 30 000 signes rapportera au mieux 100 euros ! Et coûte couramment 300 euros de traduction. Les magazines français sont plutôt compétitifs face à leurs homologues étrangers…

IV - Les étapes principales


1. Identifier les textes adaptés aux marchés étrangers
2. Faire traduire lesdits textes
3. Préparer un dossier de présentation (en anglais)
4. Sélectionner les revues adaptées
5. Préparer une lettre (ou un message d’envoi)
6. Attendre…

La traduction est le point bloquant. Ce n’est pas le seul…

V - Choisir le bon texte…

Ce qui marche (parfois) :
• Le « politiquement incorrect soft », mais vu du côté Européen. Un brin de provoc’ ne nuit pas toujours. • Le côté « vachement culturel/arty ». Très « frenchy » • Le fait d’avoir eu un prix, genre GPI

Ce qui ne marche pas (en général) :
• Imiter la production locale – un éditeur recherchera votre originalité propre, pas une pâle copie de ce qu’il connaît • Les textes trop longs • Les textes bourrés de références franchouillardes, ou trop français pour être compréhensibles ailleurs

VI - La traduction


Il faut se faire traduire prioritairement en anglais, langue que tous les éditeurs (ou presque) lisent.

La traduction est un processus :
• Coûteux (minimum 5 cents le mot – et souvent plus) • Compliqué à vérifier – sauf si vous parlez bien anglais • Lent (la plupart des traducteurs sont surbookés) • Qui ne souffre pas la médiocrité… Un texte mal traduit est une très mauvaise carte de visite! (Évitez à tout prix les traductions automatiques type Google)

Quelques pistes possibles pour le financement :
• Les subventions (Européennes ou locales). Difficiles pour un individu isolé, possibles pour un éditeur… Prochain appel septembre 2008 (remise des dossiers février 2009) • Les échanges de bons procédés avec un écrivain étranger (je te traduis le tien, tu me traduis le mien) • Une recherche, via internet, d’étudiants en littérature qui ont envie de se lancer dans l’expérience – partenariats avec des universités étrangères à trouver. • L’aide de son éditeur…

VII - Le dossier de présentation


Inutile d’en faire des tonnes (comme pour la présentation d’une nouvelle, en France).
Par contre:

•L’éditeur étranger ne vous connaît pas DU TOUT. Donc,
vendez vous de façon efficace – un site web perso est un plus!
•Envoyer une biblio sommaire (avec liens Amazon) est une idée
qui facilite la vie
•Préciser que le texte envoyé est « inédit dans cette langue »
Note: Il existe des modèles de lettre/mails d’envoi sur internet. On peut me demander des exemples. Google peut aider à traduire les réponses des éditeurs étrangers (mais ne vous en servez pas pour vos nouvelles !)

VIII - Les droits… Que vend-on ?

Comme en France, en principe, on vend les droits pour une seule publication… C’est en particulier valable pour les revues (toutes les revues étrangères que je connais acceptent ce principe). Toutefois, dans le cas des anthologies, ça se complique :
• Quand l’anthologie est traduite en entier à l’étranger, vous
risquez de ne rien toucher – et de ne pas pouvoir refuser
• Quand vous avez affaire à un « Year’s best », les éditeurs
étrangers font quelquefois des « achats globaux »
Attention aux clauses de cessation globale dans vos contrats, en particulier anglo-saxons!

IX - Liens avec son éditeur français


Si vous avez juste publié votre texte dans une revue française,
vous n’avez rien à demander à personne.
Par contre:

• Si vous publiez des recueils

• Si vous avez des ouvrages chez un éditeur professionnel
Mettre l’éditeur dans la boucle est une bonne idée…
• Quand le texte sera repris en recueil, il faudra mentionner les parutions
étrangères dans le contrat – sauf si vous gardez vos droits étrangers
• Vous pouvez mentionner vos parutions françaises dans votre bio, qui sera
reprise par la revue ou l’anthologie étrangère. Cela peut aussi encourager votre éditeur à envoyer vos ouvrages aux éditeurs du pays concerné par votre publication…

X - Agent ou pas agent ?


À l’étranger, bénéficier d’un agent reste la voie royale, mais :
• Entrer en contact avec un agent est difficile… Les
conventions mondiales sont un bon moyen de commencer
• Il est plus difficile de convaincre un agent de vous prendre
dans son écurie qu’un éditeur de vous publier
• Même après une vingtaine de publications, les agents ne
sont pas intéressés… Il faut au moins un contrat pour un roman avant de les attirer

XI - Le bilan financier


Les coûts :
Ce sont principalement ceux de la traduction (plusieurs centaines d’euros par nouvelle). Mais beaucoup de revues pro acceptent difficilement les soumissions par e-mail et les coûts d’envoi ne sont pas négligeables (ni les frais bancaires)

Les bénéfices :

Une fois traduit en anglais, un texte peut être soumis à beaucoup de revues étrangères à la fois. Mais le marché n’est pas si vaste que ça. Un seul texte « qui marche » peut permettre à une demi-douzaine d’autres de s’engouffrer dans la brèche. Le plus dur, c’est de commencer. Il existe des prix étrangers ouverts aux productions françaises (exemple, le prix UPC)
Il faut publier un texte au moins deux fois – chez
un éditeur pro – pour couvrir les frais !

XII - Les sites d’aide à la publication


On trouve sur le net plusieurs sites utiles:
• SFWA: le site officiel de la SF Writers of America

The Foreign Market List (avec liste de diffusion):

SCI-FI Factor (avec guide gratuit à télécharger):

Et, bien sûr, le site des revues elles-mêmes
(qui comportent souvent des « submission guidelines »)
Conclusions

1. Publier à l’étranger, c’est possible, en s’obstinant Financièrement, l’intérêt est douteux, voire nul Cela peut ouvrir des portes, en France comme ailleurs
2. Le processus est long, fastidieux et un brin
douloureux
• La traduction est le point bloquant

• On repart à zéro dans chaque pays

3. Ca peut permettre des rencontres extraordinaires :
• Avec des lecteurs étrangers, à la sensibilité différente
• Avec les auteurs pros d’autres pays